La balade

 

 

 Délaissant pour un temps le travail, la couture,
Je gravis la cavée qui mène au lieu béni
Où siège Saint-Joseph, là-haut, dans sa parure :
Chapelle où bien souvent j’erre, et me réfugie.

 

 J’emprunte le chemin qui s’orne de coucous.
Que le ciel semble flou ! Que le climat est doux !
Le souffle chaud d’Auster léger qui me caresse
Reste discret. Les fleurs, pourtant, vivent l’ivresse
Parfois elles s’animent d’un frisson exaltant.
On dirait qu’elles titubent, fondent en tons changeants.

 

 Mais que vois-je là-bas, au bord du ruisselet ?
Un grand tapis de vert parsemé de gaietés ?
Ce sont des populages dont la couleur éclate,
Qui ornent les abords du ru de fraîche eau plate.

 

 Immense joie ! Mes yeux furètent, ardemment,
Et cherchent plus encore à vivre intensément.
Merveille : côtoyant cette jaune gaieté,
L’anémone des bois sort sa blancheur rosée.

 

 Elle aussi, s’enhardit, s’étend de toutes parts.
À l’ombre des feuillus protecteurs qui se parent.
Elle va peu à peu aborder ses compagnes :
Ensemble, elles ganseront de bonheur la campagne.
          Extrait du murmure de mes rêves